Mina est une jeune femme et une jeune réalisatrice. Alors qu’elle vient de perdre sa grand-mère, elle retourne aux Granges, lieu où elle a passé ses meilleures vacances d’été. Le long trajet en voiture est l’occasion pour elle de revenir sur son enfance et son adolescence qui ne sont pas sans lien avec sa découverte de la sexualité et du plaisir. Et justement, beaucoup des souvenirs de Mina prennent leurs origines aux Granges : ses premiers jeux interdits, son éloignement forcé de sa grand-mère et leurs retrouvailles, ses découvertes sur cette dernière, ses confessions, sa rencontre avec Melchior et Kas, son anniversaire le plus marquant, etc. Évidemment, ses expériences et souvenirs ne s’arrêtent pas à ceux vécus aux Granges. Dans son autre vie, Mina subit la séparation de ses parents, l’entrée au lycée. Là-bas, elle se lie d’amitié avec Audrey. Cette dernière pense et vit sexe, elle n’a que ça en tête et influence Mina. C’est aussi dans cette vie-là que Mina vivra l’innommable, ce sur quoi elle parviendra à mettre des mots, longtemps après.
Le Point Sublime est le second roman de la collection L’Ardeur. Ce texte, je l’attendais avec impatience même si j’en appréhendais, aussi, la lecture. J’ai tant aimé Le goût du baiser que j’espérais beaucoup de ce nouveau récit érotique. Je voulais retrouver le réalisme du Goût du baiser, mais aussi son actualité, son engagement, sa sensualité, son humanité. Néanmoins, je ne voulais pas avoir une impression de déjà lu en ouvrant le texte de Manu Causse.
Lorsque le colis envoyé par les Editions Thierry Magnier est arrivé entre mes mains, j’étais fébrile, impatiente. Je l’ai ouvert et, dès que j’ai pu, j’ai commencé ma lecture du Point Sublime. Lecture qui s’est fait d’un trait.
J’ai aimé rencontrer Mina, une jeune femme qui part en quelque sorte en pèlerinage suite au décès de sa grand-mère. Son long trajet en voiture lui permet de revenir sur son passé. Mina se souvient de sa découverte de sa sexualité et des jeux interdits qu’elle s’inventait, de ses parents et de leur séparation, de sa grand-mère et de ses étés passés aux granges, de ses amitiés et de ses amours, mais aussi de ses choix, ses rencontres, ses erreurs, ses déceptions, ses blessures et ses passions. Mina n’omet rien (ou si peu) de son enfance, de son adolescence et de sa vie de jeune femme. Elle fait quelques focus sur son parcours et va même jusqu’à retrouver des sensations passées. Elle nous confie la honte qu’elle a ressentie lorsque sa mère l’a admonestée pour son comportement avec un autre enfant, et le temps qu’il lui a fallu pour se défaire de ce sentiment. Elle nous parle de sa relation avec sa grand-mère et de la blessure des années d’absence, de l’incompréhension face aux décisions de sa famille. Elle nous parle de pardon. Elle nous dit son amitié fusionnelle avec sa meilleure amie et puis l’inéluctable éloignement face à la trahison. Elle nous dit son cheminement, semé d’embûches, de déceptions mais aussi de joies. Un cheminement pas toujours facile, mais qui a fait d’elle une jeune femme indépendante, une jeune réalisatrice libre de filmer ce qu’elle souhaite.
Le point sublime est empreint de beaucoup de justesse, de sensualité, de vie et de liberté. C’est un texte nécessaire et fort sur les thématiques de l’adolescence, de la découverte de la sexualité, du passage à l’âge adulte et du cheminement vers une certaine paix intérieure. Ici, il n’y a pas de censure mais beaucoup de liberté et d’invitation à l’acceptation de soi. Manu Causse, met des mots sur la sexualité et n’a pas peur d’en parler sans tabou et sans censure. Ça fait du bien et on ne s’en lasse pas ! Il parle vrai sans offrir l’illusion de la simplicité des relations amoureuses et/ou sexuelles ou, a contrario, sans jamais dire qu’elles induisent nécessairement un rapport de force comme nous pouvons le voir trop souvent. Il parle, aussi, de l’importance du consentement.
Le Points Sublime parlera assurément aux adolescent(e)s d’aujourd’hui et de demain. Il faut le lire, le faire lire, le prêter, l’offrir, le donner car c’est un texte nécessaire.
Rendez-vous en mars pour la parution du troisième titre de la collection !
A partir de 15 ans
Merci aux Editions Thierry Magnier pour l’envoi de ce roman !
Le Point Sublime, Manu Causse,
Editions Thierry Magnier (L’Ardeur), 29 janvier 2020,
456 pages
15,90€
Note de l’éditeur : certaines scènes explicites peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes.
Alors que Mina traverse la France pour accompagner sa grand-mère dans son dernier voyage, elle se repasse le film de sa vie. Elle pense à ces étés passés aux Granges, enfant, dans la petite maison de pierre, nichée au creux des gorges du Tarn. Elle revoit Lune, sa grand-mère, mi-sorcière, mi-magicienne, l’accueillir à bras ouverts pour deux mois de liberté farouche, d’explorations et de jeux interdits. Surgit ensuite le douloureux souvenir de la honte et de la culpabilité quand, à 9 ans, ce paradis lui est soudain interdit. Vient enfin le souvenir de ces étés d’adolescence, la sagesse de Lune, son absence aussi, ses secrets. Le poids d’amitiés vitales autant que malsaines. Et surtout, surtout, le souvenir si précieux de l’été de ses 17 ans, un moment suspendu où, avec Kas et Melchior, elle a exploré des sentiers inconnus et renoué avec son être profond.
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