« A la vie, à la mort » de Colette McBeth

9782365690690

Meilleures amies depuis l’adolescence, Rachel et Clara se sont promis qu’elles le resteraient à vie. Une dizaine d’années plus tard, elles sont toujours proches mais les liens qui les unissaient se sont distendus.

Rachel poursuit une brillante carrière à la télévision et mène une vie stable avec son compagnon ; Clara, elle, peine à trouver son équilibre et se fait plus distante.Quand Rachel doit couvrir la disparition d’une jeune femme, elle découvre avec stupeur qu’il s’agit de Clara. La journaliste se lance à sa recherche, au risque d’exhumer les secrets du passé.

Un thriller psychologique glaçant qui explore les relations brûlantes de fascination et de haine entre amies.

Editions : Les Escales ♦ Collection : Noires ♦ Traducteur : Anath Riveline ♦ Date de parution : 22 janvier 2015 ♦ Pages : 336 pages ♦ Prix : 20,90€

Alors que Rachel mène une vie stable et poursuit une brillante carrière à la télévision, elle apprend qu’elle doit enquêter sur une disparition. Cependant, elle est loin de se douter qu’il est question de Clara, la meilleure amie de Rachel. Ce jour-là, tout son monde s’écroule…

Avant toute chose, il faut parler de la forme du roman, car ce n’est pas un simple thriller écrit à la première personne. Il s’agit en fait d’une longue lettre écrite par Rachel pour Clara dans laquelle elle lui relate les événements, depuis son arrivée à la conférence de presse annonçant sa disparition, jusqu’au dénouement. Comme Rachel, nous ne savons pas où est la jeune femme : a-t-elle été enlevée ? Est-elle vivante ? Nous nous posons de nombreuses questions quant à cette soudaine disparition, mais peu à peu, tout s’éclaire pour notre narratrice qui raconte comment elle vit cette situation et quelles sont les avancées de l’enquête. En même temps, elle ponctue son récit de souvenirs qui nous font découvrir qui est Clara mais aussi l’étroite relation qui relie les deux jeunes femmes…

Même si on rentre tout de suite dans le vif du sujet, le début peut paraître un peu lent : on tourne en rond, on ne comprend pas, Rachel ne comprend pas, il n’y a pas vraiment d’indice, pas de témoin, etc. Et on ne sait pas grand-chose de la relation entre les deux jeunes femmes si ce n’est que Rachel semble se reposer pleinement sur Clara. Cependant, au fil des pages, les indices tombent et tout s’accélère jusqu’à l’issue finale, assez surprenante.

Au final, A la vie, à la mort est un solide thriller psychologique, comme je les aime. Il parvient à nous happer, à nous tenir en haleine, à nous questionner, jusqu’au bout, et cela grâce à la plume, agréable et captivante, de Colette BcBeth. Les personnages sont travaillés, la relation entre Rachel et Clara est complexe, les apparences sont parfois trompeuses, etc. Nous cherchons à savoir qui est qui car l’auteure parvient à nous égarer, à remettre en question nos certitudes sur le rôle de chacun. Ce livre n’est pas un coup de cœur, mais presque. Je l’ai terminé hier soir et pourtant son atmosphère, glaçante, me suit encore.

Il est difficile de parler de ce roman sans prendre le risque d’en dévoiler trop, de révéler des éléments essentiels… J’aimerais vous en dire plus, vous développer l’intrigue mais cela gâcherait le plaisir de découvrir ce livre. A défaut de cela, je ne peux que conseiller de le lire.

Littérature victorienne

Sir Edward John Poynter - "An Evening at Home"
Sir Edward John Poynter – « An Evening at Home »

La littérature victorienne suit le romantisme anglais qui privilégiait le genre de la poésie. La période de la littérature victorienne n’est pas clairement définie, mais le point de repère le plus utilisé est sans doute celui du couronnement de la Reine Victoria en 1837. Le romantisme britannique cède progressivement la place au réalisme, avec l’évolution des mœurs, des relations sociales et l’apogée de la Révolution Industrielle.  L’époque victorienne est marquée par de nombreux changements. L’arrivée de nouvelles technologies change l’Angleterre qui reste très attachée à ses traditions.


Charles Dickens (1812-1870) est l’auteur qui a le plus marqué l’époque victorienne. Marqué par son enfance et par l’incarcération de son père pour dettes, il défend beaucoup les droits des enfants, l’éducation pour tous et d’autres causes dont la condition féminine. Charles Dickens a ainsi écrit des romans dits populaires dans lesquels il dépeint le Londres de l’ère industrielle.

Il est avant tout publié en feuilletons réguliers, art littéraire né de l’essor de la presse. Ses récits sont souvent des romans d’apprentissages, des romans dans lesquelles il critique les frivolités de la haute société et expose l’instabilité des familles. S’il dépeint beaucoup de sujets de société, ses textes n’en sont pas moins empreints d’humour et Charles Dickens est très connu pour son humour.

Quelques oeuvres :

  • Oliver Twist
  • Un Chant de Noël
  • David Copperfield
  • Les Grandes Espérances
  • Le Magasin d’antiquités
  • Les Temps difficiles

William Makepeace Thackeray (1811-1863) est également un auteur phare de l’époque victorienne. Il a connu des débuts littéraires difficiles, mais est parvenu à se faire une place de son vivant grâce à ses satires sociales et ses descriptions psychologiques de ses personnages. William Makepeace Thackeray est donc connu pour ses oeuvres satiriques et, même s’il ne milite pas vraiment, il n’hésite pas à critiquer la bourgeoisie britannique en s’inspirant des classes moyennes et supérieures.

Quelques oeuvres :

  • Mémoires de Barry Lyndon
  • La Foire aux Vanités 

Elizabeth Gaskell (1810-1865) est aujourd’hui une romancière incontournable de l’ère victorienne qui, pourtant, n’a été redécouverte et rééditée que depuis quelques années en Angleterre. Elle a écrit dans des genres très différents : des ghost stories, des romans industriels ou encore des chroniques de la vie de province. Ses écrits, qui n’ont rien de satirique contrairement à ceux de son ami Charles Dickens, offrent une critique de l’ère victorienne et particulièrement de la place des femmes.

Quelques oeuvres :

  • Mary Barton
  • Cranford
  • Nord et Sud
  • Femmes et filles

Anthony Trollope (1815-1882) est l’un des romanciers britanniques les prolifiques de l’époque victorienne. Auteur populaire, ses romans ont pour thème des sujets politiques, financiers et sociaux de son époque. Il fut remarqué de son vivant pour son talent remarquable pour l’observation psychologique mais aussi pour sa sensibilité à la position des femmes dans la société victorienne.

Quelques oeuvres :

  • Les Chroniques du Barsetshire
  • Miss Mackenzie
  • L’héritage Belton
  • Les enfants du Duc

Les sœurs Brontë sont trois soeurs poétesses et romancières : Charlotte (1816-1855), Emily (1818-1848) et Anne (1820-1849). Elles sont marquées par la mort, celle de leur mère puis de leurs soeurs, et cette influence se ressent dans leurs textes. Avec leur frère Branwell, elles développent développent leur imagination en écrivant ensemble des histoires dont celle du royaume imaginaire de Gondal. Toutes trois publient d’abord leurs écrits sous des pseudonymes masculins. Si Charlotte Brontë connaît un succès immédiat avec Jane Eyre, ce n’est ni le cas d’Emily avec Les Hauts de Hurle-Vent ni celui d’Anne Brontë avec La Dame du Manoir de Wildfell Hall (aussi connu sous le titre La Locataire de Wildfell Hall). Ce dernier est d’ailleurs considéré aujourd’hui comme l’un des premiers romans féministes.

Quelques oeuvres :

  • Les Hauts de Hurle-Vent, Emily Brontë,
  • Jane Eyre, Charlotte Brontë
  • Shirley, Charlotte Brontë
  • La Dame du Manoir de Wildfell Hall, Anne Brontë
  • Agnès Grey, Anne Brontë

Thomas Hardy (1840-1928) est poète et romancier anglais. Il se considère avant tout comme un poète et n’écrit des romans que pour gagner sa vie. Ses récits sont riches, tant du point de vue de leur prose que de leur diversité, et marqués par un humour corrosif. Néanmoins, au sommet de sa carrière, Thomas Hardy décide de délaisser le roman et préfère s’investir pleinement dans sa poésie.

Quelques oeuvres :

  • Loin de la foule déchaînée
  • Tess d’Urberville
  • Jude l’Obscur
  • Remèdes Désespérés

Sans oublier : Georg Eliot, Wilkie Collins, Rudyard Kipling, Robert Browning, Joseph Conrad et quelques autres…


Sources :

  • Histoire de la littérature anglaise, Elisabeth Angel-Perez, Hachette supérieur, 9782017025566
  • Wikipedia
  • Encyclopédie Universalis

« Le Fantôme de Canterville » d’Oscar Wilde illustré par Barbara Brun

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Mr. Otis, riche ministre Américain, s’installe dans un vieux manoir en Angleterre, avec sa famille. Les anciens propriétaires prétendent qu’il est hanté par un dénommé Sir Simon. Les Américains n’en croient pas un mot et prennent possession des lieux sans se soucier de ce fantôme.

Pourtant, ce dernier est bien décidé à les terroriser et met tout en place pour leur faire peur. il a beau utiliser toutes les recettes classiques de l’épouvante, la famille s’en moque. Petit à petit la situation s’inverse et c’est le fantôme qui commence à être effrayé par cette étrange famille…

Editions : Marmaille et Compagnie  ♦ Date de parution : 8 août 2014 ♦ Nombre de page : 70 p. ♦ Prix : 20€

Le Fantôme de Canterville (The Canterville Ghost), est une nouvelle d’Oscar Wilde publiée en 1887. Depuis, elle a été maintes fois rééditée et adaptée. Ici, nous avons une version intégrale illustrée par Barbara Brun, ce qui donne un peu de piment au texte et permet d’initier les enfants à la littérature fantastique ou tout simplement à un classique de la littérature anglaise…

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Lorsque M. Otis, le ministre d’Amérique, acquiert Canterville-Chase, « tout le monde lui dit qu’il faisait là une très grands sottise car on ne doutait aucunement que la maison fût hanté… » Pourtant, il prend « l’ameublement et le fantôme sur inventaire » et quelques semaines plus tard le voilà installé avec sa famille.

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Après quelques crissements de chaînes et hurlements à vous glacer le sang, il faut se rendre à l’évidence : le lieu est bel et bien hanté par un fantôme de plus de trois siècles qui a rendu fous de terreurs plusieurs générations. Mais c’est sans compter sur la famille du ministre qui est bien décidée à ne pas se laisser terroriser…

Cette nouvelle étrange, frissonnante, mais portant drôle, nous embarque dans une histoire à rendre fou le plus coriace des fantômes. Le tout est ponctué d’illustrations absolument sublimes qui ne peuvent que plaire aux petits comme aux grands. Ce qui fait s’ajoute à la qualité de l’album ce sont les illustrations aux couleurs chaudes en pleine page et même en doubles page.

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Enfin, en allant jusqu’aux dernières pages de cet ouvrage, on découvre les « Archives de Canterville » avec « les coulisses dans le carnet de Barbara Brun » mais aussi quelques publicités qui pourraient s’avérer bien utiles si, vous aussi, vous avez des chaînes à graisser…

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Un album à lire et à regarder afin de (re)découvrir cette nouvelle signée de la plume d’Oscar Wilde !

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« Sanditon » de Jane Austen, achevé par Marie Dobbs

sanditon

En ce début du XIXe siècle où la bonne société anglaise découvre les bienfaits des bains de mer, les Parker se sont mis en tête de faire de la paisible bourgade de Sanditon une station balnéaire à la mode. Invitée dans leur magnifique villa, la jeune Charlotte Heywood va découvrir un monde où, en dépit des apparences « très comme il faut », se déchaînent les intrigues et les passions. Autour de la tyrannique lady Denham et de sa pupille Clara gravitent les demoiselles Beaufort, le ténébreux Henry Brudenall et l’étincelant Sidney Parker, peut-être le véritable meneur de jeu d’une folle ronde des sentiments. Observatrice avisée, Charlotte saura-t-elle demeurer spectatrice ? Le cœur ne va-t-il pas bouleverser les plans de la raison ? À sa mort en 1817, Jane Austen laissait cette œuvre inachevée. Une romancière d’aujourd’hui a relevé le défi de lui donner un prolongement. Un exercice mené à bien dans la plus remarquable fidélité, avec autant de tact que de brio.

Editions : Lgf  ♦ Date de parution : 7 novembre 2012 ♦ Nombre de page : 402 p. ♦ Prix : 7,10€

Je ne vais pas me lancer dans un débat sur le droit d’achever l’oeuvre d’une autre ou non. Le sujet est assez délicat et chacun a son opinion sur le sujet. Néanmoins, lorsque nous savons que l’œuvre n’a pas été achevée par l’auteure, il est légitime d’avoir quelques a priori, ce qui a été mon cas. De plus, même si Orgueil et Préjugés fut pour moi un coup de cœur, c’est loin d’être le cas de Raison et Sentiments, que j’ai aimé mais sans plus. J’avais trouvé que le roman comportait quelques longueurs et, au final, il m’a déçu. De ce fait, je ne savais pas du tout à quoi m’attendre avec ce livre mais… je n’ai clairement pas été déçue par ce récit !

Jane Austen a débuté l’écriture de Sanditon en 1817, alors qu’elle était très malade et n’a malheureusement pas pu achever son œuvre. Ce n’est que récemment qu’une dénommée Marie Dobbs, a fait montre d’un talent hors pour pair écrire cette suite. Pour ce faire, elle s’est évidemment basée sur des recherches poussées. Le résultat est là : Marie Dobbs fait preuve d’un sens du détail réellement surprenant et, si ma curiosité ne m’avait pas fait lire les « quelques mots de justification à propos de l’achèvement du livre » (ce que je vous déconseille de faire), je ne pense pas que j’aurais remarqué la différence entre la plume de Jane Austen et celle de Marie Dobbs. Il y a bien quelques termes ou tournures de phrases qui m’ont interpellés de par leur modernité, sans doute, car il ne s’agit pas d’un sans faute, mais de là à dire que c’est à telle page que Marie Dobbs a pris le relais… non, vraiment, je ne suis pas capable de dire exactement où s’achève le texte de Jane Austen.

L’histoire débute avec la famille Heywood qui habite à Willingden. Suite à un accident de voiture, elle fait connaissance avec la famille Parker, puisque blessé à la cheville, Mr Parker a besoin de soins et de repos. Lui est sa femme sont alors accueillis chez les Heywood et, au moment de partir, Mr Parker propose un séjour à Sanditon, station balnéaire (fictive) où viennent se soigner les gens malades, en échange de leur hospitalité. Une de leur fille, Charlotte, accepte et y séjourne quelques-temps. C’est là-bas qu’elle va faire des rencontres surprenantes…

Charlotte, personnage principal et héroïne, m’a vraiment plu. Elle observe et se fait des idées préconçues sur les gens qui l’entourent qui se révèlent parfois exactes et parfois bien loin de la réalité. Cependant, elle est intelligente, simple, et pleine de bon sens, quant la plupart des personnages sont bourrés de défauts. Ils sont alors peints d’une manière assez exagérée, ce qui rend certains personnages insupportables mais qui apporte un côté drôle à la lecture. Jane Austen dépeint cette société avec beaucoup d’ironie. C’est une société qui est finalement très artificielle, comme le montre Mr Parker qui souhaite moderniser et développer Sanditon en y construisant des hôtels et des villas. Jane Austen avait de l’humour, c’est certain, et Marie Dobbs a su continuer dans ce sens !

J’ai également grandement apprécié Sidney, un des frères de Mr Parker. Il est intelligent bien qu’il semble très manipulateur. A partir du moment où il se fait présent dans le roman, il manipule tout le monde afin d’arranger les choses comme elles lui plaisent. Avec lui, je ne savais pas sur quel pied danser, mais, vers la fin, on découvre son but réel. D’ailleurs, je ne m’attendais pas à cela…

Il y a bien d’autres personnages, dont Sir Edward qui n’est pas sans rappeler Mr Darcy dans Orgueil et Préjugés. Néanmoins, au fil des pages sont comportement hautain, orgueilleux et prétentieux a surpassé, et de loin, celui de Mr. Darcy. Il devient insupportable, exécrable même !

En ce qui me concerne, je suis véritablement bluffée et charmée par la suite du roman. Il y a le ton, l’esprit, l’humour… Bref, Marie Dobbs a su réunir les ingrédients qui font le style de Jane Austen bien qu’il manque un petit quelque chose. Nous avons envie d’être à Sanditon, d’être amie avec tous ces personnages, d’être Charlotte et d’avoir un Sidney. Sidney est d’ailleurs devenu l’un des mes héros austeniens préférés, avec Mr Darcy.

En tant que lecteur de Jane Austen, on sent à quel point le travail de Marie Dobbs a été difficile. Et pourtant, elle est parvenue à terminer ce roman avec talent. Le style de Jane Austen et de Marie Dobbs est très homogène, ce qui fait de ce roman une très belle réussite ! La lecture est plaisante, nous retrouvons le style et l’humour de Jane Austen, et en prime nous avons droit à une belle histoire d’amour, histoire d’amour prévisible mais qui ne gâche rien au plaisir. La suite de l’intrigue n’est peut-être pas ce qu’avait prévu Jane Austen, mais cela correspond plutôt bien au reste de son œuvre, bien qu’elle soit quelque peu tiré par les cheveux pour l’époque.

Je conclurais simplement en disant que pour moi ce livre est un véritable coup de cœur malgré les quelques éléments qui m’ont fais froncer les sourcils. J’aimerai encore être plongée de ce récit, suivre les personnages. J’ai même failli recommencer le livre à peine terminé !