Mona vit dans la banlieue de San Diego avec sa mère et son beau-père, un homme libidineux, mais la jeune fille – tout juste une adolescente – rêve d’un autre destin. Ailleurs. Loin de sa vie minable. Loin de l’avenir fait de misère, d’ennui, d’alcool et de drogue qui la guette. Très tôt, elle a compris qu’elle peut user de ses charmes et de son corps pour obtenir ce qu’elle souhaite. Alors, un jour, elle part pour Los Angeles. Là-bas, elle change d’identité et se crée un personnage. Elle est Mona, Kim, ou encore Holly. Enigmatique, boudeuse, elle ne se mêle que peu aux autres, mais fascine les hommes. Elle joue de son pouvoir, envoûte et devient une star du porno à seulement quinze ans. Cependant, personne ne sait ce qui se passe dans la tête de l’adolescente. Personne ne se doute que cette jeune fille n’est pas ce qu’elle prétend être et qu’elle a un plan.
Avec ce roman, Sacha Sperling secoue le lecteur, le prend aux tripes. Il éclate, explose le rêve américain avec brutalité, (presque ?) avec cruauté. Le récit est cynique, sans concessions, cru. On pourrait croire que Mona est une victime – père absent, mère qui se préoccupe peu d’elle, beaux-pères qui ne s’intéressent qu’à son corps, etc. – mais ce n’est pas le cas : elle sait ce qu’elle fait et, surtout, elle sait ce qu’elle veut. Elle est déterminée, n’hésite pas à manipuler les autres, utilise son corps et a une vision déformée, erronée des hommes, une vision à l’aune de son expérience. Cette Lolita moderne n’est pas attachante, elle dérange, mais en même temps elle fascine, et on se prend, quelque fois, à espérer un changement positif. Une reddition.
Histoire de petite fille est cru, violent, malsain, sombre mais aussi, parfois, poétique grâce à la plume de Sacha Sperling. C’est un court roman qui ne peut laisser indifférent, qui nous transporte entre fascination et horreur.
Je ne vois rien. La lumière est tellement forte. On dirait un projecteur braqué sur une prisonnière qui s’évade.
J’entends la voix du réalisateur qui résonne dans le studio. Je dois lui obéir.
« Tu peux te mettre de profil, s’il te plaît. Voilà, c’est bien. Tourne la tête vers moi. Maintenant l’autre côté… On fait toujours ça devant un mur blanc pour que ce soit le plus neutre possible. Il faut qu’on te voie bien. Dans les moindres détails. Lève la tête. Baisse le menton. Maintenant, tourne-toi. Oui, comme ça. Il faut qu’on entende ta voix. Regarde-moi et présente-toi.
Ton nom, ton âge… »
Editions : du Seuil ♦ Collection : Cadre rouge ♦ Date de parution : 03 mars 2016 ♦ Nombre de pages : 264 p. ♦ Prix : 18,00€
Sacha Sperling a vingt-cinq ans. Histoire de petite fille est son quatrième roman.
Grande fane de « mes illusions donnent sur la cour » je vais sûrement le lire.
Et moi il faut que je découvre « Mes illusions donnent sur la cour » !
Il faut que je lise celui-ci, il est dans ma WL.
Oui, il faut ! J’espère qu’il te plaira 🙂
J’ai adoré ce roman ! C’est amusant de voir que nous sommes ressorties de cette lecture avec la même sensation 😉
Je pense que la plupart des lecteurs sont ressortis de ce roman avec cette sensation. C’est tellement malsain, mais en même temps la plume de Sacha Sperling parvient à rendre certains passages poétique. C’est laid, c’est sombre, mais il y a quelque chose qui nous attire irrésistiblement. Mona/Kim/Holly n’est pas attachante, et pourtant… quelque chose nous fait espérer une reddition car, nous aussi, nous sommes fascinés par cette adolescente. D’ailleurs, on oubli parfois qu’Holly n’est encore qu’une adolescente…
Ce n’est pas tellement le genre de récit que je lis habituellement mais il m’intéresse pourtant ! J’ai trop envie de savoir qu’elle est son but en faisant ça…
J’ai vu le titre sur un autre blog sans en rien lire mais là ta chronique me donne envie. Lolita est mon livre d’amour que j’adore, c’est plus qu’un coup de foudre alors tous les livres s’inspirant de cette Lolita je les prends, je les lis !