James Goodenough et sa famille sont partis vivre dans l’Ohio afin d’y trouver des terres. Là, dans la boue du Black Swamp, ce père de famille passionné par les pommiers, espère développer son verger. Lui, souhaite cultiver davantage de pommes de table. Sa femme, Sadie, veut des pommes à cidre dont elle attend de l’eau-de-vie. En plus de leurs incessantes disputes, James et Sadie doivent faire face, chaque année, à la mort d’un autre enfant, emporté par la fièvre. Les enfants qui se remettent de la fièvre, se voient dans l’obligation de vivre dans l’ombre leurs défunts frères et soeurs, car leur mère, rarement sobre, préfère parler aux disparus plutôt que s’occuper convenablement des survivants. C’est isolement et dans cette atmosphère oppressante que grandissent Robert, Martha et les autres enfants de James et Sadie. Quinze ans plus tard, bien des années après le drame, nous découvrons Robert. Le jeune homme partit tenter sa chance dans l’Ouest. Tantôt garçon de ferme, mineur ou orpailleur, il finira par renouer avec sa passion des arbres en prélevant des pousses de séquoias géants pour un exportateur anglais. De son côté, Martha souhaite retrouver son frère perdu et n’hésite pas à traverser l’Amérique…
Tracy Chevalier nous entraîne avec talent dans ce nouveau roman, mêlant drame familial et amour des arbres à travers un conflit parental qui ne peut qu’affecter les enfants. La construction du récit peut paraître complexe, car elle alterne entre l’enfance de Robert, sa vie de jeune adulte et les lettres qu’il a envoyées à sa famille. L’autrice n’hésite jamais à revenir sur le passé avant de nous replongé dans le présent, cultivant ainsi une atmosphère mystérieuse.
Durant l’enfance de Robert, nous découvrons son père, amoureux des pommes qui cultive difficilement des pommiers, tout en étant entièrement dévoué à sa famille. L’histoire est alors entrecoupée par le point de vue de la mère de Robert, Sadie. Cette dernière se comporte de manière tout à fait puérile et égoïste. Nous pourrions avoir pitié d’elle, faire preuve de compassion, nous rebeller contre le comportement de James à une époque où les femmes subissaient l’autorité patriarcale, pourtant ce n’est jamais le cas. Sadie est mauvaise et Tracy Chevalier est parvenue à rendre ce personnage absolument détestable. Au contraire, il est plus simple de faire preuve d’indulgence face à James. Et puis, le récit de l’enfance de Robert cesse subitement. Nous découvrons les lettres du jeune homme. Pourquoi est-il parti ? Pourquoi ne semble-t-il jamais recevoir de réponse de sa famille ? Qu’est devenue la famille Goodenough ? Nous n’avons pas de réponse, mais, bien des années après le mystérieux drame qui sépara Robert de sa famille, nous retrouvons le jeune homme qui se déplace sans cesse, au gré de ses envies et de son expérience. Peu à peu, nous prenons connaissance de son cheminement, de sa migration, sans jamais savoir ce qui a précipité son départ. Robert, bien que très attaché à ses frères et soeurs mais affecté par son enfance, ne souhaite qu’une chose : oublier le passé. Ce n’est que plus tard, que nous découvrons enfin le terrible drame qui a eu lieu sur les terres du Black Swamp et les conséquences qui en découlèrent.
Avec A l’orée du verger, Tracy Chevalier nous emmène une fois de plus dans un voyage dans le passé. Ici, elle nous fait traverser l’Amérique, découvrir ses entendues démesurés et ses arbres immenses. Elle nous fait entrer dans l’ambiance de son roman, sans qu’il y ait beaucoup d’action. Son écriture classique, ses descriptions détaillées qui prennent vie et le mystère qui plane sur la raison du départ de Robert sont suffisants pour nous happer dans ce récit fait d’hommes et d’arbres. Ces derniers sont des personnages à part entière, qui se déplacent, migrent au fil des périples des hommes. Ce roman n’aura pas ma préférence (rien ne peut détrôner La Jeune Fille à la perle et La Dame à la licorne !) mais il n’en est pas moins envoûtant !
Merci aux Editions de La Table Ronde et à Anne et Arnaud pour l’envoi de ce roman !
En 1838, dans l’Ohio, les fièvres ne font pas de cadeau. À chaque début d’hiver, James Goodenough creuse de petites tombes en prévision des mauvais jours. Et à chaque fin d’hiver, une nouvelle croix vient orner le bout de verger qui fait péniblement vivre cette famille de cultivateurs de pommes originaires du Connecticut. Mais la fièvre n’est pas le seul fléau qui menace les Goodenough : l’alcool a fait sombrer Sadie, la mère, qui parle à ses enfants disparus quand elle ne tape pas sur ceux qui restent ; les caprices du temps condamnent régulièrement les récoltes de James, et les rumeurs dont bruisse le village de Black Swamp pointent du doigt cette famille d’étrangers.
Heureusement, la visite de John Chapman, figure majeure de l’introduction des pommiers dans l’Ohio, la saveur d’une pomme mûre à point et la solidarité qui peut unir deux enfants partageant le même sort éclairent parfois l’existence de Martha et Robert Goodenough.
Des années et un drame plus tard, frère et sœur sont séparés. Robert a quitté l’Ohio pour tenter sa chance dans l’Ouest. Il sera garçon de ferme, mineur, orpailleur, puis il renouera avec l’amour des arbres que son père lui a donné en héritage. Au fin fond de la Californie, auprès d’un exportateur anglais fantasque, Robert participe à une activité commerciale qui prendra bientôt son essor : il prélève des pousses de séquoias géants pour les envoyer aux amateurs du Vieux Monde. Auprès de Molly, cuisinière le jour, fille de joie la nuit, il réapprend le langage de la tendresse. De son côté, pendant toutes ces années, Martha n’a eu qu’un rêve : quitter sa prison mentale de Black Swamp et traverser les États-Unis à la recherche de son frère.
Avec la précision et le sens du romanesque qui ont fait sa marque de fabrique,Tracy Chevalier plonge les mains dans l’histoire des pionniers et dans celle, méconnue, des arbres : de la culture des pommiers au commerce des arbres millénaires de la Californie. Mêlant personnages historiques et fictionnels, À l’orée du vergerrend hommage à ces hommes et ces femmes qui ont construit les États-Unis.
Editions : de La Table Ronde ♦ Collection : Quai Voltaire ♦ Traduit de l’anglais par : Anouk Neuhoff ♦ Date de parution : 11 mai 2016 ♦ Nombre de pages : 336 p. ♦ Prix : 22,50€
Tracy Chevalier est américaine et vit à Londres depuis 1984 avec son mari et son fils. Elle est l’auteur du Récital des anges, de La Dame à la Licorne, de La Vierge en bleu, et de La jeune fille à la perle, adapté au cinéma par Peter Webber en 2002, et interprété par Scarlett Johansson. (Source)
La couverture avec cette image est très belle. De plus, j’aime beaucoup ce type de récit où l’ambiance créée interpelle l’instance lectrice…
En effet, cette couverture est très belle. Je n’ai d’ailleurs pas pu m’empêcher de découvrir plus de photos de l’artiste (Inna Mosina ) qui se cache derrière !
Je n’ai encore jamais lu cette auteur donc celui-ci sera sans doute mon premier. J’ai hâte de la découvrir et de la lire enfin !
Puisque tu n’as encore jamais lu Tracy Chevalier, j’espère que ce roman te plaira et qu’il te donnera envie d’en découvrir d’autres. Il y a, bien entendu, l’incontournable « La Jeune Fille à la perle », mais aussi bien d’autres romans !