Paranoïa, Melissa Bellevigne

Je vous livre ici mon avis sur les deux tomes de la série Paranoïa. Je n’en dévoile pas plus que les résumés des deux romans, mais sachez qu’il s’agit bien d’un avis sur la duologie de Melissa Bellevigne et qu’il est alors possible que cela en dévoile trop.

Lisa Hernest, psychiatre reconnue, est appelée à l’institut Saint-Vincent pour s’occuper d’un cas complexe. Sa nouvelle patiente, Judy Desforêt, est internée pour paranoïa et hallucination. S’il ne s’agissait que de cela, Lisa n’aurait pas été contactée et ses convictions n’auraient pas été ébranlées. Mais Judy est enceinte de cinq mois et met la vie de son enfant en danger en refusant de s’alimenter. Petit à petit, Lisa parvient à faire parler sa patiente et découvre son agression, son viol, sa quête de racines familiales, mais aussi l’existence d’un certain Alwyn, un homme qui la suit comme son ombre depuis son enfance.

Avec Paranoïa Melissa Bellevigne mêle réalité et fantastique, troubles mentaux et surnaturel, mais aussi le passé de Judy et l’enquête de Lisa. Nous découvrons la vie personnelle de la psychiatre en même temps que celle de Judy. Parfois, elles semblent se compléter, se répondre car chacune apporte quelque chose à l’autre. Pourtant, un fossé sépare les deux femmes car l’une voit Alwyn et l’autre s’interroge sur la réalité du récit de sa patiente. Ainsi, nous nous questionnons sur Alwyn. Existe-t-il ou est-il le fruit de l’imagination de Judy ? S’il existe, ou se trouve-t-il ? Est-ce lui qui a agressé la jeune femme ? S’il n’est qu’une hallucination, quelle en est son déclencheur ?

Miroir, quant à lui, vient démolir le premier tome. Nous retrouvons Judy après son accouchement. Elle refuse de voir son fils, mais a accepté la conclusion réaliste de Lisa : Alwyn n’était que le fruit de son imagination. Grâce à un autre psy, la jeune femme tente de cheminer, d’avancer et de s’en sortir. Pendant ce temps Lisa se débat avec son nouveau quotidien. Lorsqu’un homme se présente chez elle, la psychiatre remet en question ses conclusions. Ce dernier ressemble en tout point à l’ami imaginaire de son ancienne patiente. Lisa découvre alors une autre version de l’histoire et se pose de nouvelles questions. Judy a-t-elle vraiment eu des hallucinations ? Qui est cet homme qui prétend s’appeler Alwyn ? Et si c’était lui l’agresseur de Judy ? Mais l’histoire du jeune homme pose question et Lisa s’interroge car, à présent, Judy lui apparaît comme manipulatrice.

Melissa Bellevigne nous propose une duologie sur un sujet accrocheur : la paranoïa et les hallucinations. Cela promet des questionnements permanents voire des retournements de situation et c’est bel et bien le cas. Les deux romans se répondent et sont pourtant différents, car si le premier tome est teinté de fantastique, le second est bien plus terre à terre. Néanmoins, du début à la fin nous nous interrogeons sur ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas et il est parfois difficile de démêler le vrai du faux.

Ainsi Paranoïa – et notamment le premier tome – se dévore grâce à une plume fluide et agréable, mais cela ne fait pas tout. Le résultat manque de profondeur, de maturité et laisse perplexe car il y a des incohérences. Tantôt Judy et Alwyn peuvent se toucher, tantôt ils ne le peuvent pas. Cela peut aisément être imputé à la pathologie de la jeune femme, mais laisse sceptique. En outre, Judy est agaçante et souvent immature du début à la fin, notamment dans son comportement envers Alwyn, que ce dernier soit réel ou non. Evidemment, là encore nous pouvons imputer cela à sa pathologie ou aux révélations qui nous sont faites, mais elle n’en est pas moins passablement irritante. Lisa aussi éveille l’agacement plus que l’attachement, car elle semble ne pas se remettre en question et se montre souvent supérieure aux autres.

Une duologie agréable à lire mais qui ne marque pas durablement. Si nous nous laissons aisément emporter par l’ambiance mystérieuse et teintée de fantastique du premier livre, il est certain que le second tome démolit tout ce qu’a construit l’auteure. L’intrigue en perd son sens et nous emmène vers un autre sujet, d’autres problèmes et d’autres questionnements. La chute n’en ai pas mois sensée, prévisible mais pleine de sens.

Une série à double tranchant avec un second tome en demi-teinte.

Merci aux Editions Hachette pour l’envoi de Miroir !


Paranoïa
Editions : Hachette
Collection : Black Moon
Date de parution : 30 mars 2016
Nombre de pages : 320 p.
Prix : 17,00€
Présentation de l’éditeur

Miroir
Editions : Hachette
Collection : Black Moon
Date de parution : 4 octobre 2017
Nombre de pages : 396 p.
Prix : 17,00€
Présentation de l’éditeur


Originaire de Savoie, Melissa Bellevigne conçoit l’incipit de Paranoïa alors qu’elle n’a que dix-neuf ans, sans savoir que son roman serait dévoré par plus de dix-mille lecteurs après sa publication, sept ans plus tard. Aujourd’hui, Melissa Bellevigne jongle avec les métiers de maman, blogueuse et romancière, depuis les côtes anglaises où elle a élu domicile. (Source)

2 commentaires sur « Paranoïa, Melissa Bellevigne »

  1. En fait, la première partie de ta chronique me disait « ah tiens, ça peut être sympa à lire », mais à la fin… je ne sais plus. Je croule sous les déceptions alors…. je vais passer mon tour.

    1. Tu as raison de passer ton tour. Autant le premier tome est sympa à découvrir, autant le second est une réelle déception.
      Je pourrais conseiller de lire uniquement « Paranoïa », mais le risque est de rester sur sa faim. D’un autre côté, lire « Miroir » c’est risquer d’être vraiment déçu…

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